Le laboratoire Gary Kildall de l’EFRITS s’équipe pour un bond… dans le passé.
Un vent cathodique traverse les bancs de l’EFRITS, mais ce n’est pas que pour le style : c’est partie intégrante du cursus !
Le laboratoire d’électronique de l’école, nommé Gary Kildall accueille désormais une collection permanente de machines mythiques des années 80 : quatre Atari ST, un Amiga 500, et trois clones d’IBM PC, tous basés sur des architectures 16/32 bits qui ont marqué l’histoire de l’informatique. Ces ordinateurs ne sont pas là pour décorer : ils sont les outils d’une toute nouvelle matière lancée cette année à l’école : Rétro-programmation, enseignée en parallèle des cours d’Électronique et d’Assembleur.
Gary Kildall ?

Gary Kildall est l’un des grands ingénieurs de l’informatique personnelle méconnu du grand public. Docteur en informatique et passionné d’électronique, il a joué un rôle central dans l’émergence des micro-ordinateurs au cours des années 1970. Il est notamment le créateur de CP/M, l’un des tout premiers systèmes d’exploitation conçus pour les processeurs 8 bits comme l’Intel 8080. À une époque où chaque ordinateur avait son propre langage machine, CP/M a permis une certaine standardisation du développement logiciel, facilitant la création et la diffusion de programmes indépendants du matériel.
Gary Kildall ne s’est pas arrêté là. Il a également introduit des concepts essentiels comme le BIOS (Basic Input/Output System), une couche d’abstraction entre le matériel et le système, encore utilisée aujourd’hui dans des formes modernes. Il a fondé Digital Research, qui a été pendant plusieurs années un acteur technique majeur dans le domaine du logiciel système. Pourtant, malgré ses apports fondamentaux à l’informatique personnelle, son nom reste peu cité comparé à d’autres figures de l’époque. Lui dédier un laboratoire d’électronique, c’est rendre justice à l’un des inventeurs du socle technique sur lequel reposent encore nos ordinateurs.
Pour en savoir plus sur Gary : https://computerhistory.org/blog/in-his-own-words-gary-kildall/
Pourquoi en revenir à ces machines ?

Parce que comprendre vraiment un ordinateur, c’est aussi comprendre ses limites. Là où les machines modernes cachent leur complexité derrière des couches d’abstraction, les Atari et Amiga exposent tout. Pas de multitâche protégé, pas de mémoire virtualisée, pas de pilote graphique logiciel avancé : tout est lisible, directement accessible et modifiable. Et ça change tout.
Prenez l’Atari ST : un processeur Motorola 68000 à 8 MHz, 512 Ko de RAM, une architecture sans filet. C’est peu — mais c’est suffisant pour faire tourner des jeux, manipuler des fichiers, et communiquer avec le monde extérieur… si l’on sait comment. Les élèves devront porter des projets modernes développés sur PC vers ces machines d’un autre âge — avec toute la discipline de l’optimisation et de la sobriété en ressources que cela implique. Les surprises seront nombreuses… et les leçons, inoubliables. Logiciel de dessin vectoriel, jeux en 3D, éditeur de texte, logiciel de composition musicale : voilà quelques exemples de projets cibles à porter sur ces ordinateurs.
Un lieu commun chez les développeurs appréciant cette période est de dire qu’il fallait être très bon, que les programmeurs à l’époque étaient incroyables et qu’ils débordaient d’imagination pour faire sortie de leurs ordinateurs des choses époustouflantes.
Comme à notre habitude, nous nous sommes demandés si il ne fallait pas prendre la chose dans l’autre sens. Certains disent, il faut apprendre à faire pour faire, nous disons, il faut faire pour apprendre à faire. De là nous tirons une hypothèse : ce sont ces machines et leur principe de fonctionnement qui ont fait des programmeurs et programmeuses de cette époque des gens terriblement compétents.
Rien que dans la découverte des subtilités du C – avec de l’assembleur en ligne – dans un contexte, dont certains aspects changent d’une architecture à l’autre – largeur des pointeurs, des entiers, boutisme – vaut le fait de se livrer à cette expérience.
Une pédagogie ancrée dans le réel

À l’EFRITS, nous croyons que l’apprentissage ne doit pas se faire en simulateur – ou en tous cas le moins possible. Ces machines sont physiquement là, connectées à des oscilloscopes, à des montages conçus et soudés par les élèves eux-mêmes. Car ici, la rétro-programmation n’est pas un simple exercice de style : c’est un outil pédagogique pour aller au bout de la compréhension des bus, des interruptions, du fonctionnement bas niveau de la RAM, de la vidéo ou du son. Ces machines, car plus simple, permettent plus facilement d’aborder ces sujets compliqués.
C’est une occasion unique de manipuler des interfaces matérielles en dehors de tout système d’exploitation, et de dialoguer directement avec des composants électroniques construits dans les ateliers. Ces difficultés se retrouveront également dans l’usage de technologies embarquées.
Nous comptons de temps en temps faire l’acquisition de nouvelles pièces : les prochaines seront des micro-ordinateurs 8 bits comme le ZX Spectrum ou le Commodore 64.

Ce retour aux origines n’est pas un recul. C’est une manière exigeante, rigoureuse et passionnante de former les informaticiens de demain Toujours 100 % projet… à la manière de notre école, l’EFRITS.
Rejoindre l’EFRITS
https://efrits.fr/contact/
Chose amusante, saviez vous qu’il faut entre 1 et 5 millisecondes à un Apple 2 de 1977 pour afficher une lettre dont on vient de taper la touche au clavier? Alors qu’il en faut entre 40 et 100 millisecondes dans un navigateur sur un PC de 2025 !
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